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  • "j'ai posé ma vieille peau quelque part dans l'étendue du sommeil" ....chronique japonaise par Nicolas Bouvier...

    extrait du "cahier gris"dans "chronique japonaise" de Nicolas Bouvier, l'auteur de "l'usage du monde" ....

    "Comme je m'en revenais vers la maison, le spectacle à l'épicerie d'une grosse mouche noire faisant toilette sur une éclatante pyramide d’œufs frais m'a soudain rempli d'une gaité inexplicable. Sentiment que j'allais moi même sortir de l’œuf.

    Je suis allé boire du saké chez les deux Coréennes qui tiennent entre les escaliers de Shimogamo et les sureaux du petit cimetière un bar grand comme un buffet normand.

    La fille et la mère: des visages de Sioux, des peux mates et parfaites tendues sur de fortes pommettes, des yeux d'obsidienne impertinents et gais, des dents superbes. Toutes deux l'allure de magiciennes ou de renardes réincarnées. Ce matin, la tête un peu dolente et l'esprit clair.

    J'ai posé ma vieille peau quelque part dans l'étendue du sommeil.

    La nouvelle est encore douloureuse et fragile mais il y aura certainement moyen de vivre à l'aise quelques années dans cette peau-là; l'autre n'allait vraiment plus. J 'ai trouvé sur la table du déjeuner une aquarelle encore humide représentant trois kakis: Éliane s'est remise à peindre. Excellent signe. Comme je souhaite qu'elle se fasse à ce pays que j'ai tant aimé. Il pleut à verse sur les feuilles neuves, la lumière change à chaque instant. Le ciel est comme une éponge lumineuse qu'une grande main presse et relâche. cette nuit j'ai vu en rêve toute l'histoire japonaise alignée comme une suite d'images d’Épinal aux couleurs acides, avec ici et là un gros plan sur un figurant, sur un visage stupéfait ou contrit. A peu près ce qu'un enfant verrait dans une lanterne magique."

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  • le rituel du feu...

    dire l’étrangeté de ce monde
    la simplicité des pieds nus sur la terre
    l’envergure du feu de ces gestes rituels vers le monde de l’intérieur de moi-même
    ce qu’il y a bien tapi dans mon ventre au plus profond viscéralement inquiétant
    mon cerveau s’alimente de mon activité rituelle et non l’inverse n’en déplaise à la science
    je sais que ce que je dis n’existe pas et j’en éprouve du bonheur
    l’extase d’être comme à Walden et partir au loin vers l’inexistant
    ne plus souffrir de la modestie maladive
    débarrasser l’humilité secondaire dans l’acte de survivre
    il n’est question que de ça survivre nous croyons vivre et nous ne sommes que rituels
    vers ma quatre vingt dix septième année je résoudrai la théorie de mes contraires 
    j’en ai bien l’intention
    même si vivre pose des choix existentiels je finirai par comprendre la terre 
    grâce à mes pieds nus dans le feu
    je n’aurai plus peur de savoir que ma survie est la seule vie acceptable
    et la culture une tentative désespérée de sourire en espérant provoquer une onde de chaleur sur un visage dont l’humanité me traverse la mémoire
    de ne rien risquer nous crèverons de survivre
    enfin nous éprouverons la joie immense de ne plus nous interroger sur cette vie

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    ces photos ont été prises avec un Bronica 6x6 en pose B ....