Ce qui jaillit n'est pas sentiment mais plutôt représentation de l'être intérieur.
Dans un but personnel j'ai passé trente ans de ma vie à essayer de représenter les sentiments qui m'envahissaient et qui pouvaient avoir des connexions avec les autres humains et force est de constater que la représentation humaine n'avait pas besoin de moi en tant que sculpteur...
Je ne dirai pas que j'ai perdu mon temps, mais je sais maintenant que l'abstraction broie l'intime pour en extraire une infime poudre... comme si la temporalité et la réflexion avaient broyé mes os, mes nerfs, ma viande desséchée et tous mes viscères.
Tout cela dans le but ultime de laisser le vent disperser mon être profond...l’intérieur et l’extérieur.
Je voudrais recueillir cette poudre, la tamiser, la ranger dans un bocal sur une étagère pour l'observer...observer mon âme, mon noyau dur allégé de toutes les vicissitudes humaines....
Observer la couleur de cette poudre, la grosseur de ses grains, la forme du tas...les sons qui s'en échappent...les gestes qu'il faudra faire pour disperser l'intime à tous les vents ...
Tout cela participe à faire de moi-même une entité nouvelle, minimale et totalement abstraite...devenir art pour ne plus faire de l'art...la simplicité serait de mise mais finalement rien n'est simple...
il y a cet espace infime de liberté psychologique qui permet de créer et juste après d'abandonner cette création au profit d'une vie joyeuse ....